Shiptify : Comment transformer les idées du terrain en un projet d’entreprise | RAJA

10 min lecture 29 juillet 2021

Il y a des parcours qui inspirent, qui donnent envie de donner le meilleur de soi dans son métier.

En rencontrant Romain Codron, co-fondateur de l’entreprise Shiptify, c’est ce qui nous est venu à l’esprit. De ses études en école d’ingénieur, à l’ère où la logistique n’était pas encore à la mode, à la création d’une start-up à haut potentiel, il nous raconte ici la façon dont il oeuvre pour des Supply Chains plus efficaces et plus durables.

Le parcours d'étude de Romain Codron, co-fondateur de la TMP Shiptify

Quelles études as-tu fait pour entrer dans le monde de la logistique ?

J’ai commencé par intégrer l’UTC de Compiègne, une école d’ingénieur. J’avais alors dans la tête de devenir architecte !

J’ai ensuite choisi la filière Production et Logistique. À l’époque, la logistique n’était pas du tout à la mode ! Il n’y avait pas encore toute cette dynamique qui s’est désormais créée autour du e-commerce, qui lui donne une bonne image. Les sujets traités restaient encore très liés aux problématiques de production comme par exemple le calcul de couverture de stocks.

J’avoue que j’ai un peu choisi cette orientation par hasard : c’est ce qui se rapprochait le plus, à l’UTC, de la gestion d’entreprise.

Tu as ensuite fait ton premier stage, il me semble ?

Un stage chez L’Oréal, oui. J‘étais sous la responsabilité du responsable d’approvisionnement de la zone de l’Europe de l’Est. À l’époque, c’était une zone en très grande croissance. Nous étions une vingtaine de personnes dans l’équipe, en mode start-up. Une expérience ultra enrichissante, qui a validé mon intérêt pour la logistique.

Et une expérience qui t’a poussé à aller plus loin dans tes études ?

C’est ça. J’ai ensuite rejoint le Master de l’ISLI à Bordeaux. C’est vraiment le Master historique en Supply Chain. Je l’ai choisi pour cette raison, mais aussi parce qu’il comprenait un programme international. Une vingtaine d’étudiants, dont seulement 3 français, et dont le reste provenait du monde entier.

Une bonne partie de mes camarades avaient déjà une dizaine d’années d’expérience dans la logistique ! C’était formidable de pouvoir échanger avec des professionnels expérimentés, alors que j’en étais aux balbutiements de ma découverte de la logistique, de mon côté.

Y a-t-il une figure qui t’a marqué, pendant ces années d’études ?

Oui : Dominique Estampe, le fondateur et directeur de l’ISLI. C’est lui qui a eu l’idée de monter ce Master en Supply Chain, au moment même où ce n’était encore qu’un concept obscur. En ce sens, il a été totalement visionnaire. C’est quelqu’un pour qui j’ai beaucoup de respect et d’admiration.

Romain Codron, co-fondateur de ShiptifyDominique Estampe a créé derrière lui toute une génération de directeurs logistiques. La preuve : sur mon chemin, je n’arrête pas de croiser des anciens de l’ISLI de toutes les générations.

Sans cet homme, je serais sans doute aujourd’hui dans le milieu du bâtiment… et vu comment je m’épanouis aujourd’hui, je ne peux donc que le remercier !

Comment a commencé ton parcours professionnel dans la logistique, à proprement parler ?

J’ai décroché mon premier CDI en tant qu’ingénieur méthode chez Kuehne+Nagel ; je travaillais à la plateforme logistique du port de Gennevilliers. À ce moment-là, je quitte les bancs de l’école pour rejoindre un entrepôt, un vrai, un multi-clients… et un très vieil entrepôt, pour être honnête ! Depuis cet entrepôt de 30 000m2, avec une équipe de 120 personnes, on livrait aussi bien du mobilier de bureau que des pâtisseries congelées.

Je reste très marqué par tout ce que j’y ai appris sur le terrain. Mon directeur d’exploitation de l’époque, Yannick Bierre m’a très vite pris sous son aile, et m’a fait comprendre que “les études, c’était bien beau, mais que j’allais désormais apprendre avec lui la vraie logistique !”.

C’est un homme pour qui j’ai beaucoup d’admiration également. Un homme qui a commencé à travailler très jeune dans des entrepôts, qui a gravi les échelons au mérite, et qui pilote aujourd’hui un site logistique complexe de plusieurs centaines de personnes. C’est vraiment lui qui m’a donné le goût de créer des solutions informatiques au service des équipes terrain.

Quels ont été tes plus gros challenges dans ce premier job ?

Yannick m’a très rapidement confié une grosse responsabilité, le démarrage de l’activité pour un client majeur : le groupe Saint Gobain.

Romain Codron, co-fondateur de ShiptifyÇa a été mon plus gros défi : manager des équipes opérationnelles, dans des contextes parfois complexes. Des emplois du temps d’intérimaires, une pression du calendrier et des résultats, le tout en sortant quasiment tout juste de l’école… Oui, c’était un beau challenge comme je les aime !

Qu’est-ce que tu retiens de cette expérience ?

Le goût du terrain, indubitablement. Le plaisir d’échanger, en une trentaine de minutes, avec une palette variée de personnes, du directeur Supply Chain de Saint Gobain au cariste, pour trouver des solutions pragmatiques.

Je crois que c’est de là que me vient aussi la sensibilité que j’ai pour toutes ces personnes dont on voit pas le travail tous les jours, et dont les métiers n’étaient pas connus à l’époque. On voit une vraie solidarité et un très fort sens du service dans les entrepôts. J’espère que cela subsiste dans mon ADN aujourd’hui.

shiptify

Peux-tu nous raconter la suite de tes expériences professionnelles ?

Par la suite, j’ai quitté Kuehne+Nagel pour rejoindre une société beaucoup plus petite : Crystal Group. J’ai y découvert le métier du transport international. Mon poste avait trois facettes : conseil pour de grands donneurs d’ordre comme Johnson & Johnson ou Renault ; implémentation de prestations de 4PL ; amélioration continue sur les process du commissionnaire de transport interne (Qualitair). Finalement, j’étais à la fois chez le chargeur et le prestataire transport, une expérience très riche !

J’ai beaucoup appris pendant ces deux années, notamment grâce à l’expérience complète du transport international que ce job m’a apportée, qui m’a beaucoup servi par la suite. Et aussi grâce au travail d’équipe à taille plus humaine que cela supposait.

Parce que, justement, après, tu passes de nouveau dans une entreprise plus grande ?

Oui : je rejoins la direction du site logistique de Vestiaire Collective qui était en très forte croissance. Tout était encore à construire, et c’était saisissant pour moi qui venais du monde des logisticiens, où tous les process étaient déjà carrés, bien établis !

J’ai tout de suite pris conscience du fait que, piloter une croissance de 70% par an, sur un budget de plusieurs dizaines de millions d’euros, avec des produits de 30 à 300 000€, était un vrai challenge.

C’est aussi là que tu as découvert le monde du web, n’est-ce pas ?

Tout à fait. D’ailleurs, c’est aussi chez Vestiaire Collective que j’ai découvert qu’en informatique, tout était possible : tout est une question de moyens, et de qualité des développements et technologies utilisées. Cette découverte du web, c’était la dernière brique qui me manquait pour avoir le déclic final avant de me lancer…

Justement, parle-nous du concept de Shiptify ?

Shiptify est l’entreprise que j’ai co-fondée avec Aurélien Gascoin. J’ai rencontré Aurélien chez Vestiaire Collective. Il travaillait côté transporteur.

On a très rapidement partagé la même conviction : celle que le fichier Excel restait l’outil de pilotage #1 de la Supply Chain pourtant il existait avec le web des leviers d’optimisation fous, pour mieux collaborer entre les entreprises !

Romain Codron, co-fondateur de ShiptifyEt l’idée de Shiptify s’est enfin concrétisée : une plateforme web de pilotage transport digitale et collaborative, au service de l’ensemble des acteurs de la Supply Chain. Nous avons d’ailleurs créé un nouveau concept : la TMP !

La Transport Management Platform couvre les mêmes fonctions qu’un TMS mais se différencie des systèmes historiques, de part sa simplicité de mise en oeuvre, et l’absence de coût de démarrage. C’est une vraie révolution dans notre milieu…

Qui est Romain Codron, co-fondateur de la plateforme Shiptify ?

Dis-nous quelques mots sur ton associé.

Aurélien, c’est une expérience double : celle de l’Europe, et du B2C. Ce sont deux éléments très importants pour Shiptify, puisque, d’une part, nous avons une ambition à taille européenne, mais en plus, nous souhaitons apporter dans le transport B2B le même niveau d’exigence et de qualité que celui de la logistique B2C.

Aurélien, c’est surtout un entrepreneur expérimenté, qui connaît le monde du transport dans ses moindres détails. De plus, sa rigueur et son expérience sont essentielles pour canaliser mon esprit créatif. À nous deux, on fait une bien belle équipe !

Quelle est la mission fondamentale de Shiptify ?

Nous rassemblons déjà plus de 350 entreprises qui participent activement à la co-construction de Shiptify, qu’elles soient chargeurs, commissionnaires ou transporteurs.

  • Nous voulons élargir cette communauté, ce qui nous permettra de recruter les profils les plus talentueux au service d’une supply chain efficiente, durable et collaborative.
  • Les enjeux environnementaux et sociétaux qui nous attendent nous démontrent chaque jour qu’il est indispensable que les efforts soient mutualisés pour avancer en ce sens.

C’est dans cette démarche que s’inscrit Shiptify, avec des valeurs fortes de partage, bienveillance et excellence.

Et pour finir, quelle est ta plus grande fierté, par rapport à Shiptify ?

Je pense que c’est vraiment le retour des utilisateurs de la plateforme. Ils sont plus de 2000 à l’utiliser quotidiennement, dans plus de 30 pays dans le monde, sur les 5 continents. Et le fait d’entendre des opérationnels trouver l’outil simple, et prendre du plaisir à l’utiliser, me fait vraiment dire qu’on leur rend vraiment un service utile.

Romain Codron, co-fondateur de ShiptifyOn sent aussi chez ces clients qu’il y a une dynamique qui tend à vouloir co-construire la solution avec nous. C’est un signe de reconnaissance dont je suis très fier. Et c’est surtout très important pour le monde de la Supply Chain…

 

Un dernier mot, un dernier souhait à partager ?

J’aimerais que, dans 20 ans, nos clients se retournent en arrière, et se demandent “Comment est-ce qu’on faisait, avant Shiptify ?” Tout comme d’autres avant se sont demandé “Comment on faisait, avant, sans les emails ?” J’aimerais finalement que, grâce à Shiptify, on entre dans l’ère de la “Supply Chain As It Should Be”. 

Merci à Romain Codron pour le temps accordé pour cette rencontre !

 

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