Pourquoi faut-il vous préoccuper du poids volume pour votre logistique ? | RAJA

6 min lecture 12 août 2020

La facturation des transporteurs sur la base du poids volume n’est pas toujours bien appréhendée par les responsables logistiques, et notamment par les e-commerçants… Et pourtant, ils ont tout à gagner à mieux l’anticiper pour en limiter l’impact.

Nous avons interviewé Matthieu Erly, fondateur du cabinet ColisConsult, pour qu’il nous explique l’importance de cette notion, et son impact significatif sur les coûts de transport des entreprises aujourd’hui.

N.B. : Si vous êtes novice sur le sujet, nous vous recommandons de lire notre article dédié au sujet.

Il existe pléthore de bonnes raisons de vous préoccuper du poids volume pour votre stratégie logistique

En quoi le poids volume est-il un challenge pour quiconque envoie des colis dans son entreprise ?

Matthieu Erly : Pas forcément pour tous les expéditeurs.

En effet, deux types d’expéditeurs ne sont pas concernés par la facturation au poids volume :

  • Ceux qui n’utilisent que des offres de transport basiques. Les prestataires domestiques non-express, par exemple Colissimo, les monocolistes (DPD, GLS) ou relayistes (Mondial Relay, Relais Colis) n’appliquent pas encore de facturation au poids volume.
  • Ceux qui expédient du fret très pondéreux (par exemple des bidons de liquides) restent facturés sur la base du poids réel, même lorsque le transporteur applique du poids volume.

Pour tous les autres, par contre, le poids volumétrique est un réel challenge pour tout ou partie de leur trafic. Un challenge qui peut représenter une part non-négligeable du budget transport.

Il est fréquent dans le monde de la mode, du high-tech, ou des biens de grande consommation que le poids total facturé annuellement par un transporteur express représente plus du double du poids réel des colis expédiés. Vous imaginez l’impact budgétaire que cela peut avoir !

Outre ces incidences de coût de transport, ne pas optimiser la taille de ses emballages n’est pas une démarche vertueuse pour notre planète.

Avez-vous des exemples concrets de ce type de problématique ?

Matthieu Erly : Oui, nous avons travaillé ce sujet avec plusieurs de nos clients. Typiquement, plus il y a d’express, plus il y a de colis à l’international, plus c’est un sujet clé. (A contrario, pour un e-commerçant qui ne fait que du Colissimo en France métropolitaine ou sur des pays limitrophes ce n’est pas un sujet).

Pour les clients concernés, il faut analyser en détail leurs factures de transport sur Excel, en demandant à leurs transporteurs de fournir des fichiers complets reprenant les poids déclarés, mesurés (réels et volumétriques), et au final les poids facturés.

L’analyse de ces chiffres et la mise en place d’une stratégie d’achat, mais aussi d’optimisation du packaging, peut contribuer à des baisses de coûts très fortes : plusieurs e-commerçants ou industriels ont ainsi pu obtenir des baisses à deux chiffres sur leurs flux facturés en poids volumétrique.

Le poids volume : une affaire d'emballages

Quels sont les impacts logistiques d’une stratégie d’optimisation du poids volumétrique dans un entrepôt ?

Matthieu Erly : Nous avons vu que l’optimisation apporte des résultats significatifs sur les coûts de transport ; mais elle impacte aussi sensiblement les aspects opérationnels.

En effet, beaucoup d’entreprises ont opté pour une gamme restreinte d’emballages dans un souci de rationalisation. Les opérateurs piochent dans une gamme très réduites de cartons, et abusent de matériel de calage pour que l’emballage s’adapte à un contenu parfois beaucoup plus petit.

La bonne approche est bien sûr l’inverse : les dimensions du carton doivent bien correspondre à celles du contenu pour chaque colis expédié. Mais cela implique de gérer une gamme plus profonde de cartons, ce qui peut engendrer de la complexité dans la gestion des stocks et de picking d’emballages. Tout en sachant que, pour un certain nombre de flux non concernés par le poids volumétrique, ces efforts n’auront aucune incidence, si ce n’est de contribuer à réduire le nombre de camions sur nos routes.

Bien souvent, le passage obligé est de repenser le poste de travail des opérateurs, en réservant plus de place aux emballages, afin qu’ils aient bien tous les cartons à portée de main.

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Par où commencer pour optimiser ses coûts de transport liés au poids volumétrique ?

Matthieu Erly : L’optimisation des dépenses de transport repose sur de nombreux facteurs, le poids volumétrique étant l’un d’eux. Chez ColisConsult, nous procédons par une méthode bien structurée, qui nous permet dans un premier temps de faire un audit des tarifs et dépenses de transport de nos clients, puis de mesurer la marge de progression potentielle. Par la suite, nous re-négocions les contrats de transport et les aidons à optimiser leur gamme d’emballages, au regard du diagnostic mené en amont.

Si vous êtes intrigué par cette méthode, nous l’avons partagée avec RAJA : vous pouvez la consulter juste ici.

Comment peut-on procéder pour former ses équipes à la problématique du poids volumétrique ?

Matthieu Erly : Il faut prendre le temps de leur expliquer le principe du poids volume et leur montrer, chiffres à l’appui, l’impact considérable que cela a sur le budget transport, mais aussi sur la sur-consommation de matériel de calage, ainsi que sur la pollution induite par le transport de vide.

Comment former ses équipes à la problématique du poids volume ?

Pour obtenir des résultats durables, je recommande de les objectiver sur la réduction du poids moyen facturé par les transporteurs, ou de manière fiable, sur la baisse du décalage entre poids réel total mesuré versus le poids volumétrique total facturé sur une période donnée. Cela sera un moyen efficace de les impliquer, car la réussite d’un tel projet repose inévitablement sur la bonne mise en oeuvre dans les entrepôts des décisions prises dans les bureaux.


Merci à Matthieu Erly pour le temps accordé pour cette interview, qui nous éclaire sur le challenge du poids volume !

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