Gueule de Joie, ou la tendance e-commerce du sans alcool | RAJA

8 min lecture 20 janvier 2021

Les fêtes de fin d’année approchent ; une période souvent synonyme d’excès, mais dont les e-commerçants savent tirer parti, chacun à leur manière

jean-philippe-braudPour Jean-Philippe Braud, fondateur de la marque e-commerce Gueule de Joie, cette période est effectivement faste… mais toute en sobriété, grâce à sa sélection de vins, bières, et cocktails sans alcool. L’équipe RAJA l’a interrogé, pour découvrir son concept innovant, et dévoiler ses bonnes pratiques logistiques.

Focus sur le marché des boissons sans alcool

Savez-vous ce qu’est le “Janvier Sobre” (“Dry January” en Anglais) ? Il s’agit d’un mouvement sur Internet, qui promeut un mois de Janvier sans aucune consommation d’alcool.

Voilà un événement qui suit la tendance actuelle, notamment des nouvelles générations, qui se tournent de plus en plus vers des boissons s

ans alcool. On le voit notamment au nombre de discussions en ligne à propos de produits sans alcool qui, selon une étude de Social Standards Consumer Analytics, a augmenté de 85% sur les deux dernières années.

Les commerçants, des grandes multinationales aux petits fabricants, ont d’ailleurs bien perçu l’intérêt de ce marché, dont on attend qu’il atteigne les 1,5 milliards de dollars d’ici 2024. Des bars “alcohol-free” aux cocktails sans alcool, la tendance s’installe, et propose de nouveaux défis, tant en termes de business que de logistique…

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Jean-Philippe, parlez-nous de votre concept Gueule de Joie.

Gueule de Joie est aujourd’hui le premier site e-commerce français spécialisé dans la distribution de vins, bières et cocktails sans alcool. Nous proposons des alternatives non-alcoolisées de qualité à des boissons bien connues. Notre objectif est vraiment de proposer une offre exhaustive, pour satisfaire la demande croissante des consommateurs.

D’où vous vient l’attrait pour le secteur des spiritueux sans alcool ?

Le projet est avant tout personnel : je suis un épicurien, j’aime les bonnes choses, et notamment le bon vin, la bonne bière. Mais, bien sûr, je ne peux pas en boire en permanence. J’ai découvert, d’abord en tant que consommateur, qu’il était difficile de trouver des alternatives adaptées à certains temps de consommation-clés, comme les repas, ou l’apéritif.

En m’intéressant de plus près au sujet, j’ai découvert un monde de viticulteurs et de brasseurs qui ne cessent d’innover, pour proposer des versions sans alcool de leurs produits, sans effets néfastes pour la santé ou la sécurité. Ces professionnels voient réellement ces produits sans alcool, non pas comme des produits “pauvres”, mais comme des opportunités pour satisfaire la demande des consommateurs.

Ce monde de gens passionnés par le produit plus que par l’ivresse m’a fasciné, et j’ai donc lancé le concept de Gueule de Joie.

Qu’est-ce qui, selon vous, explique que les consommateurs se tournent de plus en plus vers ces alternatives sans alcool ?

On a tous de bonnes raisons de réduire notre consommation d’alcool, ne serait-ce que ponctuellement : grossesse, santé, responsabilité personnelle ou professionnelle, conviction religieuse… Ou simplement parce que l’on n’aime pas ou l’on ne veut pas boire.

Mais globalement, si l’on doit retenir un élément qui expliquerait l’engouement qui se développe pour les boissons sans alcool, ce serait la sensibilisation faite depuis une cinquantaine d’années maintenant autour de l’abus d’alcool. La consommation d’alcool a d’ailleurs été divisée par 2 sur ces 50 ans : on boit moins, mais on boit mieux.

Les consommateurs sont beaucoup plus vigilants, vis-à-vis de la sécurité routière bien sûr, mais aussi de leur bien-être. Nous vivons dans un monde où l’on prend conscience que les excès peuvent avoir un effet néfaste ; et on perçoit de manière beaucoup plus positive le fait de prendre soin de son bien-être.

Parlez-nous donc de la genèse de votre site e-commerce, Gueule de Joie.

J’ai lancé le concept début 2019, avec une campagne de crowdfunding. L’objectif était de tester ce concept, qui était totalement neuf pour le marché. La campagne a bien fonctionné, ce qui m’a motivé à me lancer, sur mes propres fonds.

Ceci étant, le potentiel de ce marché est très important. Et si l’on souhaite satisfaire la demande de tous, il nous faudra offrir à la fois de la diversité dans les produits, et un stock important. Tout ceci va nécessiter de lever des fonds.

Quelle expérience faites-vous en sorte d’offrir à vos clients ?

Au-delà de la diversité de la gamme de produits que nous proposons, nous mettons tout en oeuvre pour satisfaire les clients au mieux : livraisons dans les délais, colis intacts… Ce qui peut parfois être un vrai challenge, puisque l’essentiel de nos produits sont des bouteilles en verre fragiles ! Ceci étant, nous voulons réellement développer une expérience nouvelle pour nos clients.

Les boissons que nous proposons sont originales, et l’expérience doit l’être également. Tout ceci vient bien sûr avec la qualité des produits, qui lèvent les freins liés à l’image typique de la bière ou du vin sans alcool. Mais nous nous employons également à proposer un service de réelle qualité, et ce souvent en rognant sur nos marges : dès que vous avez reçu votre colis, l’expérience Gueule de Joie a déjà commencé, et c’est le plus important.

Quelle est l’importance de l’emballage dans votre activité ?

Vous l’imaginez bien, l’emballage est central. En 6 mois, nous avons envoyé environ 400 colis… et chacune des commandes est différente. Nous sommes obligés de prendre en compte les différences de tailles, de quantités, de produits, et avoir une palette d’emballages assez large.

95% de nos commandes sont expédiées en France, contre seulement 5% d’enlèvement à notre entrepôt, à Nantes. On ne doit donc pas rogner sur la qualité de l’emballage, pour offrir une livraison sans casse. Et, malgré le coût élevé que représente l’emballage, il s’agit d’un investissement en temps et en argent vite rentabilisé, lorsque l’on pense au coût d’une commande livrée abîmée, ou d’une insatisfaction client…

Avez-vous personnalisé vos emballages ?

Pas encore : nous sommes sur une gamme très basique, mais très protectrice. Mais cela fait partie des défis que nous percevons déjà, sur les mois à venir. Au vu du volume d’expéditions qui augmente, nous souhaitons rapidement :

  • Pouvoir réduire le coût unitaire de nos emballages, en commandant plus de volume
  • Personnaliser l’emballage, pour développer l’image de la marque Gueule de Joie, et renforcer encore l’expérience client

Justement, parlons de vos perspectives pour les années à venir…

Comme je vous en ai parlé, nous souhaitons accélérer le développement de l’activité e-commerce, en offrant une encore meilleure expérience à nos clients. Cela va notamment passer par une nouvelle version du site web, avec des fonctionnalités logistiques plus avancées comme le choix de livraison en point relais, ou la personnalisation réelle de la livraison.

Nous voulons également nous développer en physique, créer un magasin Gueule de Joie. A l’ère du tout-digital, et surtout sur des produits qu’ils ne connaissent pas, les consommateurs ont besoin d’une proximité avec le vendeur, de tester, de voir les produits.

Enfin, pouvez-vous nous partager votre vision des vins, bières et cocktails sans alcool ?

Disons que le ciel est bien dégagé ! La bière sans alcool accuse plus de 30% de croissance chaque année, et le vin sans alcool 12%. Mais pour autant, leurs parts de marché sont encore très faibles, au regard des versions alcoolisées. On entrevoit donc un potentiel de marché très fort.

Les grands acteurs industriels du marché l’ont d’ailleurs bien compris, et investissent déjà massivement dans des offres sans alcool. Sur ce marché florissant, chaque acteur du milieu a son rôle à jouer : Gueule de Joie souhaite continuer à travailler avec de véritables brasseurs, des viticulteurs et des professionnels du vin, des personnes reconnues pour leur savoir-faire, sans souscrire à une approche trop industrielle. La crédibilité du sans alcool, et donc son succès, tiennent à la qualité de ce que l’on propose. Et quelle chance : la France a un grand savoir-faire en la matière, qu’il s’agit de mettre en avant comme il se doit.

Mais ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas revenir en arrière, sur les notions de santé, de bien-être, de sécurité, lié à la consommation d’alcool.

Merci à Jean-Philippe d’avoir accepté cette interview enrichissante, qui témoigne des premiers pas prometteurs d’un e-commerçant innovant.

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